Les articles L. 3123-13 et R. 1233-32 du code du travail prévoient une indemnité de licenciement et une allocation de congé de reclassement déterminées au moins en partie sur la base de la rémunération réduite perçue par le salarié, qui engagé par un contrat à durée indéterminée à temps complet, bénéficie d’un congé parental à temps partiel lorsque le licenciement intervient. Ces dispositions établissent une différence de traitement avec les salariés se trouvant en activité à temps complet au moment où ils sont licenciés. Dans la mesure où un nombre considérablement plus élevé de femmes que d’hommes choisissent de bénéficier d’un congé parental à temps partiel, ces articles instaurent indirectement une différence de traitement entre les salariés féminins et masculins pour le calcul de ces droits à prestation résultant du licenciement qui n’est pas justifiée par des éléments objectifs étrangers à toute discrimination fondée sur le sexe.
Il en rĂ©sulte que l’application de ces articles, contraires Ă l’article 157 du TraitĂ© sur le fonctionnement de l’Union europĂ©enne (TFUE)en ce qu’ils instaurent une discrimination indirecte fondĂ©e sur le sexe, doit ĂŞtre dans cette mesure Ă©cartĂ©e.
En application d’une jurisprudence constante de la Cour de justice de l’Union europĂ©enne (CJCE, arrĂŞt du 8 avril 1976, Defrenne, C-43/75, points 10 Ă 15 ; arrĂŞt du 28 septembre 1994, Avdel Système, C-408/92, points 15 Ă 17 ; CJUE, arrĂŞt du 7 octobre 2019, Safeway, C-171/18, point 40), dès lors qu’une norme interne refusant l’octroi d’une prestation ou d’un avantage Ă un groupe de personnes est contraire au principe de l’Ă©galitĂ© de traitement, le juge national doit immĂ©diatement, de sa propre autoritĂ©, accorder cette prestation ou cet avantage au groupe ainsi dĂ©favorisĂ©, sans attendre l’Ă©limination de la contrariĂ©tĂ© par la voie lĂ©gislative.
En statuant comme elle l’a fait, sans calculer le montant de l’indemnité de licenciement et de l’allocation de congé de reclassement de la salariée entièrement sur la base de sa rémunération à temps complet, la cour d’appel a violé les textes susvisés. [Cass. soc., 18 mars 2020, n°16-27825, FP-P+B].