Le mois de mai est installé et si le soleil tarde à réchauffer les corps, la perspective du versement des primes de participation et ou d’intéressement à la fin du mois pourrait bien quant à elle réchauffer les cœurs. La saison nous en offrant l’occasion, procédons à un rappel du régime social applicable à ces instruments de gratification collective des salariés et au mécanisme de la répétition de l’indu.
Quelques rappels
Pour mĂ©moire, l’intĂ©ressement est un dispositif facultatif pouvant ĂŞtre mis en place dans toutes les entreprises (quel que soit leur effectif) ayant pour objet d’associer collectivement les salariĂ©s aux rĂ©sultats ou aux performances de celles-ci. L’intĂ©ressement nĂ©cessite la conclusion d’un accord collectif et rĂ©sulte d’une formule de calcul dĂ©finie conventionnellement, liĂ©e aux rĂ©sultats ou performances de l’entreprise.
La participation aux rĂ©sultats de l’entreprise est quant Ă lui un dispositif obligatoire dans les entreprises d’au moins 50 salariĂ©s (facultatif dans les autres) prĂ©voyant la redistribution d’une rĂ©serve spĂ©ciale de participation (RSP) au profit des salariĂ©s d’une partie des bĂ©nĂ©fices qu’ils ont contribuĂ©, par leur travail, Ă rĂ©aliser dans leur entreprise. A l’instar de l’intĂ©ressement, la participation repose en principe sur un accord collectif.
Quel régime social ?
Les sommes versĂ©es aux salariĂ©s dans le cadre de l’intĂ©ressement et ou de la participation n’ont pas le caractère d’Ă©lĂ©ment de salaire pour l’application de la lĂ©gislation du travail.
Ces sommes ne sont pas non plus prises en compte pour l’application de la lĂ©gislation de la SĂ©curitĂ© sociale dès lors qu’elles ne se substituent pas Ă un Ă©lĂ©ment de rĂ©munĂ©ration au sens des articles L. 131-6 et L. 242-1 du code de la sĂ©curitĂ© sociale.
Le cas du forfait social
Si les sommes versĂ©es aux salariĂ©s dans le cadre de l’intĂ©ressement et ou de la rĂ©serve spĂ©ciale de participation ne sont pas soumises Ă cotisations sociales, elles demeurent respectivement assujetties Ă la CSG-CRDS sur la totalitĂ© de leur montant, sans abattement pour frais professionnels depuis le 1er janvier 2012.
Dès lors, ces sommes devraient ĂŞtre automatiquement assujetties au forfait social. Rappelons en effet que, le forfait social est une contribution, acquittĂ©e par les employeurs sur les rĂ©munĂ©rations ou gains rĂ©pondant au double critère d’exclusion de l’assiette des cotisations de sĂ©curitĂ© sociale et d’assujettissement Ă la CSG. Il en est ainsi des sommes versĂ©es au titre de la participation et ou de l’intĂ©ressement.
Le taux du forfait social est fixé à 20 % depuis le 1er août 2012, exception faite des sommes affectées à la réserve spéciale de participation au sein des Scop pour lesquelles le taux reste fixé à 8 %.
Cependant le législateur a introduit en 2019 deux exceptions parfois oubliées :
- Ainsi depuis le 1er janvier 2019, le forfait social n’est plus dĂ» sur les sommes versĂ©es au titre de la participation dans les entreprises qui mettent en place volontairement un accord de participation (c’est-Ă -dire celles dont l’effectif est infĂ©rieur Ă 50 salariĂ©s).
- De mĂŞme, la loi de financement de la SĂ©curitĂ© sociale pour 2019 a supprimĂ© de façon pĂ©renne l’assujettissement au forfait social sur les sommes versĂ©es au titre de l’intĂ©ressement dans les entreprises de moins de 250 salariĂ©s.
Dans chacun de ces cas, la condition d’effectif s’apprĂ©cie exclusivement au niveau de l’entreprise et non au niveau du groupe (les entreprises parties prenantes d’un accord de groupe peuvent donc en bĂ©nĂ©ficier mĂŞme si les effectifs cumulĂ©s au niveau du groupe atteignent les seuils d’effectif). Les entreprises bĂ©nĂ©ficient de l’exonĂ©ration quelle que soit la date de conclusion de leur accord de participation volontaire ou d’intĂ©ressement, et cette exonĂ©ration s’applique pendant la pĂ©riode de 5 ans après l’atteinte du seuil d’effectif de 50 salariĂ©s (pour la participation) ou de 250 salariĂ©s (pour l’intĂ©ressement) conformĂ©ment Ă l’article L. 130-1 du code de la sĂ©curitĂ© sociale.
Versements indus au titre du forfait social : comment solliciter une restitution ?
En principe l’exonération est de droit dès lors que les entreprises remplissent les conditions. Autrement dit, l’Urssaf devrait spontanément restituer les versements au titre du forfait social indûment reçus.
Cependant il arrive que l’Urssaf commette des erreurs, qu’il est possible de faire corriger.
Ainsi, dès lors que les sommes versées n’étaient pas dues, l’entreprise est en droit, sans être tenue à aucune autre preuve, d’en obtenir la restitution. L’erreur ou la négligence ne fait pas obstacle à l’exercice de l’action en répétition, dès lors que le paiement se trouve dépourvu de cause en raison de l’inexistence de la dette (CA Paris, Pôle 6, chambre 13, 6 décembre 2019, n° 18/03756).
👉 Pour ce faire, il convient d’adresser une lettre RAR à l’URSSAF, en sollicitant le remboursement des contributions au titre du forfait social indument versé.
Rappel
Conformément à l’article L. 243-6 du code de la sécurité sociale, la demande de remboursement des versements au titre du forfait social effectués de manière indue peut porter sur les 3 années à compter de la date à laquelle lesdites cotisations ont été acquittées.