Débuté au mois de mai 2025, le cheminement législatif de la loi portant transposition des accords nationaux interprofessionnels en faveur de l’emploi des salariés expérimentés et relatif à l’évolution du dialogue social vient de se terminer avec sa parution au Journal officiel (L. n° 2025-989 du 24 octobre 2025).
Rappelons qu’elle a pour objet de transposer, pour les mesures qui relèvent du niveau lĂ©gislatif, les dispositions adoptĂ©es par les partenaires sociaux dans 3 accords nationaux interprofessionnels (ANI) : sur l’emploi des salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s et sur l’évolution du dialogue social, tous deux conclus le 14 novembre 2024, ainsi que celles de l’ANI du 25 juin 2025 en faveur des transitions et reconversions professionnelles.
Création d’une obligation de négociation périodique sur l’emploi et le travail des salariés expérimentés
Une nouvelle obligation pĂ©riodique de nĂ©gocier est instaurĂ©e, portant sur l’emploi, le travail et l’amĂ©lioration des conditions de travail des salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s en considĂ©ration de leur âge. Elle doit intervenir au moins tous les 4 ans, dans les entreprises et les groupes d’entreprises d’au moins 300 salariĂ©s (C. trav., art. L. 2242-2-1).
Nouveau régime des entretiens de parcours professionnel
La loi modifie le régime des entretiens professionnels (C. trav., art. L. 6315-1).
En dĂ©but de carrière – DĂ©sormais, le salariĂ© devra ĂŞtre informĂ©, Ă l’occasion de son embauche, qu’il bĂ©nĂ©ficie d’un entretien de parcours professionnel avec son employeur au cours de la première annĂ©e suivant son embauche.
Tous les 4 ans – La périodicité des entretiens de parcours professionnel est portée à 4 ans (2 ans antérieurement) mais un accord collectif retenir une périodicité différente, sans que celle-ci excède 4 ans.
Cet entretien est notamment consacré aux compétences du salarié et à ses qualifications, à son parcours professionnel, ses besoins de formation, ses souhaits d’évolution professionnelle et au CPF.
Ă€ l’issue de certaines absences. – Cet entretien de parcours professionnel est proposĂ© systĂ©matiquement au salariĂ© qui reprend son activitĂ© Ă l’issue de certaines absences comme le congĂ© maternitĂ© ou l’arrĂŞt longue maladie, si le salariĂ© n’a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’aucun entretien de parcours professionnel au cours des 12 mois prĂ©cĂ©dant sa reprise d’activitĂ©.
Tous les 8 ans : rĂ©capitulatif du parcours professionnel du salariĂ©. – Tous les 8 ans (6 ans antĂ©rieurement), l’entretien de parcours professionnel devra dresser un Ă©tat des lieux rĂ©capitulatif du parcours professionnel du salariĂ©.
Après la visite mĂ©dicale de mi-carrière. – Un entretien de parcours professionnel devra ĂŞtre organisĂ© dans un dĂ©lai de 2 mois Ă compter de la visite mĂ©dicale de mi-carrière. Au programme de cet entretien : l’adaptation ou l’amĂ©nagement des missions et du poste de travail, la prĂ©vention des situations d’usure professionnelle, les besoins en formation et les Ă©ventuels souhaits de mobilitĂ© ou de reconversion professionnelle du salariĂ©.
En fin de carrière. – Les conditions de maintien dans l’emploi et les possibilitĂ©s d’amĂ©nagements de fin de carrière (notamment les possibilitĂ©s de passage au temps partiel ou de retraite progressive) devront ĂŞtre abordĂ©es lors du premier entretien de parcours professionnel qui intervient au cours des 2 annĂ©es prĂ©cĂ©dant le 60e anniversaire du salariĂ©.
RĂ©vision des accords antĂ©rieurs et entrĂ©e en vigueur. – Le nouveau texte invite Ă rĂ©viser les accords de branche et d’entreprise portant sur les entretiens professionnels « pour les rendre conformes » aux dispositions nouvelles.
En tout état de cause, les dispositions nouvelles s’appliquent à compter du 1er octobre 2026 aux accords collectifs en cours de validité à cette date et portant sur la périodicité des entretiens professionnels.
Contrat de valorisation de l’expĂ©rience
La loi met en place un « contrat de valorisation de l’expĂ©rience » pour une pĂ©riode expĂ©rimentale de 5 ans. Il s’agit d’un CDI conclu avec une personne :
- âgée d’au moins 60 ans, ou d’au moins 57 ans si une convention ou un accord de branche étendu le prévoit ;
- inscrite sur la liste des demandeurs d’emploi ;
- ne pouvant bénéficier d’une pension de retraite de base de droit propre à taux plein (sauf exceptions) ;
- n’ayant pas été employée dans cette entreprise ou, le cas échéant, dans une entreprise appartenant au même groupe, au cours des 6 mois précédents.
Lors de la signature du contrat, le salariĂ© doit remettre Ă l’employeur un document transmis par l’assurance retraite qui mentionne la date prĂ©visionnelle d’obtention des droits Ă liquidation de retraite Ă taux plein. En cas de réévaluation ultĂ©rieure de la date de dĂ©part Ă taux plein, le salariĂ© en informe son employeur et lui transmet le document mis Ă jour.
L’employeur peut, en respectant un dĂ©lai de prĂ©avis et moyennant une indemnitĂ© au moins Ă©gale Ă l’indemnitĂ© de licenciement, procĂ©der Ă la mise Ă la retraite du salariĂ© lorsque celui-ci atteint l’âge lĂ©gal (entre 62 et 64 ans selon les gĂ©nĂ©rations) ou l’âge de dĂ©part Ă taux plein (67 ans).
En contrepartie, l’employeur est exonĂ©rĂ© de la contribution patronale spĂ©cifique de 30 % sur le montant de l’indemnitĂ© de mise Ă la retraite versĂ©e au salariĂ© pour les indemnitĂ©s versĂ©es Ă compter du jour suivant la promulgation de la loi et jusqu’Ă la fin de la 3e annĂ©e après ce jour.
CSE
Le texte supprime la limitation de 3 mandats successifs pour les élus au CSE.
Période de reconversion
La loi crĂ©e un nouvel outil de reconversion professionnelle – qui se substitue aux dispositifs de transitions collectives et de reconversion et promotion par l’alternance (Pro-A) – visant Ă faciliter les transitions professionnelles des salariĂ©s grâce Ă des formations et Ă l’acquisition d’un savoir-faire en entreprise.
La reconversion – interne ou externe Ă l’entreprise – se rĂ©alise dans le cadre d’un CDI ou d’un CDD d’au moins 6 mois.
Projet de transition professionnelle
À partir du 1er janvier 2026, l’employeur devra informer les salariés bénéficiant d’un projet de transition professionnelle, au moins trois mois avant la fin de leur formation, de la possibilité de réintégrer leur poste initial ou, à défaut, un poste équivalent assorti d’une rémunération au moins équivalente. Cette notification devra être faite par lettre recommandée ou remise en main propre contre décharge.
Dans la lettre de notification, l’employeur précise que le salarié dispose d’un mois à compter de la réception de celle-ci pour faire connaître sa décision.
À défaut de réponse dans ce délai, le salarié est réputé accepter de réintégrer l’entreprise à l’issue de l’action de formation (C. trav., art. L. 6323-17-3).
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