Emploi

Communiqué du Ministère du travail du 7 mai 2025

Le 14 novembre 2024, un accord national interproffessionnel (ANI) sur l’emploi des salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s a Ă©tĂ© conclu. Il est articulĂ© autour de 4 prioritĂ©s :

  • mobiliser le dialogue social de branche et d’entreprise,
  • prĂ©parer la deuxième partie de carrière,
  • lever les freins au recrutement des demandeurs d’emploi seniors par la crĂ©ation d’un nouveau type de CDI
  • et faciliter les amĂ©nagements de fin de carrière.

Les partenaires sociaux ont Ă©galement conclu Ă  cette date un ANI sur l’évolution du dialogue social, par lequel, et afin de permettre le renouvellement des reprĂ©sentants du personnel dans les meilleures conditions possibles, en prĂ©servant l’expĂ©rience et les compĂ©tences acquises, les signataires ont demandĂ© la suppression de la limite du nombre de mandats successifs des membres de la dĂ©lĂ©gation du personnel du comitĂ© social et Ă©conomique.

La convention relative Ă  l’assurance chĂ´mage conclue le 15 novembre 2024 prĂ©voit une condition spĂ©cifique d’affiliation Ă  l’assurance chĂ´mage pour les primo-entrants, dĂ©finis comme les salariĂ©s privĂ©s d’emploi ne justifiant pas d’une admission au titre de l’allocation d’aide au retour Ă  l’emploi dans les 20 annĂ©es prĂ©cĂ©dant leur inscription comme demandeur d’emploi. Cette mesure a Ă©tĂ© exclue de l’agrĂ©ment du 19 dĂ©cembre 2024 car elle est dĂ©pourvue de base lĂ©gale.

Enfin, en avril 2025 le Gouvernement a invitĂ© les partenaires sociaux Ă  nĂ©gocier sur la refonte des dispositifs de transitions professionnelle pour rendre ces derniers plus lisibles et efficaces.

L’objet du prĂ©sent projet de loi est ainsi de transposer ces deux ANI pour les mesures qui relèvent du niveau lĂ©gislatif, inscrire dans la loi une mesure de la convention relative Ă  l’assurance chĂ´mage du 15 novembre dernier et habiliter le Gouvernement Ă  lĂ©gifĂ©rer par ordonnance sur les transitions et les reconversions professionnelles afin de permettre de transposer un Ă©ventuel accord sur le sujet qui serait conclu dans l’intervalle, les partenaires sociaux ayant Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  nĂ©gocier sur ce sujet.

En voici les principales mesures.

Favoriser l’emploi et le travail des salariés expérimentés

  • Renforcer le dialogue social sur l’emploi et le travail des salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s

Le Gouvernement tient Ă  renforcer, et rendre effective, par la crĂ©ation d’une obligation de nĂ©gociation d’ordre public, la nĂ©gociation sur les salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s.

L’article 1er du projet de loi prĂ©voit une obligation d’ordre public de nĂ©gocier au moins une fois tous les quatre ans sur l’emploi et le travail des salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s dans les branches professionnelles. Les branches ont toutefois la possibilitĂ© de dĂ©finir la pĂ©riodicitĂ© et le contenu de cette nĂ©gociation dans le respect des dispositions d’ordre public. Ă€ dĂ©faut d’accord, la nĂ©gociation se tient tous les trois ans.

L’article 2 crĂ©e une obligation d’ordre public de nĂ©gocier au moins une fois tous les quatre ans, pour les entreprises d’au moins trois cents salariĂ©s, sur l’emploi, le travail et l’amĂ©lioration des condition de travail des salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s, sauf accord de mĂ©thode fixant une pĂ©riodicitĂ© diffĂ©rente. La nĂ©gociation sur les salariĂ©s expĂ©rimentĂ©s devient une nĂ©gociation Ă  part entière, distincte de celle sur la gestion des emplois, des parcours professionnels et sur la mixitĂ© des mĂ©tiers.

  • PrĂ©parer la deuxième partie de carrière 

L’article 3 fait de l’entretien professionnel rĂ©alisĂ© dans l’annĂ©e qui prĂ©cède ou qui suit le 45ème anniversaire du salariĂ© un « rendez-vous clĂ© » pour aborder – outre les enjeux relatifs aux compĂ©tences, qualifications, mobilitĂ©s souhaitĂ©es, formations ou reconversions – ceux liĂ©s aux prĂ©conisations du mĂ©decin du travail, notamment pour prĂ©venir une situation d’usure professionnelle ou de perte d’employabilitĂ© et ainsi anticiper la deuxième partie de carrière.

OrganisĂ© dans les deux mois suivants la visite mĂ©dicale de mi-carrière, cet entretien professionnel doit permettre d’échanger le cas Ă©chĂ©ant autour des prĂ©conisations Ă©ventuelles de la mĂ©decine du travail, notamment en matière d’amĂ©nagements du poste de travail ou d’adaptation des missions, et fait l’objet d’un bilan remis au salariĂ©.

Enfin, l’article 3 prĂ©voit l’organisation d’un entretien professionnel deux ans avant le soixantième anniversaire du salariĂ©, permettant le cas d’échĂ©ant d’aborder les conditions de maintien dans l’emploi et les possibilitĂ©s d’amĂ©nagements de fin de carrière, notamment la retraite progressive. 

  • Lever les freins au recrutement des demandeurs d’emploi seniors

Le projet de loi vise Ă  expĂ©rimenter pour une durĂ©e de 5 ans un nouveau type de contrat Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e appelĂ© contrat de valorisation de l’expĂ©rience. Celui-ci vise Ă  donner de la visibilitĂ© sur la fin de carrière d’un salariĂ© au moment de son recrutement, rĂ©pondant ainsi Ă  une demande forte des employeurs.

L’article 4 prĂ©voit la crĂ©ation Ă  titre expĂ©rimental pendant une durĂ©e de cinq ans un contrat de valorisation de l’expĂ©rience pour les demandeurs d’emploi de soixante ans et plus inscrits Ă  France Travail. Ce contrat, Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e, est ouvert aux demandeurs d’emploi inscrits Ă  France Travail d’au moins soixante ans, ou dès cinquante-sept ans si un accord de branche le prĂ©voit. La mise Ă  retraite ne peut ĂŞtre envisagĂ©e que lorsque le salariĂ© a atteint l’âge de dĂ©part avec une retraite Ă  taux plein. Lors de la mise Ă  la retraite, l’employeur est exonĂ©rĂ© de la contribution patronale spĂ©cifique de 30 % sur l’indemnitĂ© de mise Ă  la retraite pour trois ans Ă  compter du jour suivant la promulgation de la loi.

  • Faciliter les amĂ©nagements de fin de carrière

Le texte de loi vise à favoriser le recours au temps partiel pour les salariés qui le souhaitent.

L’article 5 renforce l’encadrement des motifs de refus de l’employeur saisi d’une demande de passage Ă  temps partiel ou Ă  temps rĂ©duit dans le cadre de la retraite progressive en prĂ©cisant que la justification apportĂ©e par l’employeur pour motiver son refus doit tenir compte, notamment, de l’impact du passage Ă  temps partiel ou Ă  temps rĂ©duit sur la continuitĂ© d’activitĂ© de l’entreprise ou du service concernĂ© et des tensions de recrutement sur le poste concernĂ©.

L’article 6 vise Ă  donner une base lĂ©gale Ă  la possibilitĂ© de nĂ©gocier un accord prĂ©voyant les modalitĂ©s d’affectation de l’indemnitĂ© de dĂ©part Ă  la retraite au maintien total ou partiel de la rĂ©munĂ©ration en cas de rĂ©duction de la durĂ©e du travail du salariĂ©. Un accord pourra ainsi prĂ©voir la possibilitĂ© de verser de manière anticipĂ©e de tout ou partie de l’indemnitĂ© de dĂ©part Ă  la retraite en cas de passage Ă  temps partiel ou Ă  temps rĂ©duit. 

L’article 7 prĂ©voit de clarifier le cadre juridique en prĂ©cisant que les dispositions sur la mise Ă  la retraite peuvent bien ĂŞtre appliquĂ©es pour le recrutement d’un salariĂ© qui a dĂ©jĂ  atteint l’âge de la retraite Ă  taux plein.

Améliorer la qualité du dialogue social

Afin de permettre le renouvellement des reprĂ©sentants du personnel dans les meilleures conditions possibles, en prĂ©servant l’expĂ©rience et les compĂ©tences acquises les signataires ont demandĂ© la suppression dans le Code du travail de la limite du nombre de mandats successifs des membres de la dĂ©lĂ©gation du personnel du comitĂ© social et Ă©conomique (CSE).

L’article 8 supprime la limite du nombre de mandats successifs des membres de la dĂ©lĂ©gation du personnel du comitĂ© social et Ă©conomique.

Adapter les conditions d’activité requises pour les primo-affiliés à l’assurance chômage

L’article 9 permet aux partenaires sociaux de prĂ©voir dans la rĂ©glementation d’assurance chĂ´mage des conditions d’affiliation plus favorables pour les demandeurs d’emploi n’ayant pas perçu une indemnitĂ© d’assurance chĂ´mage pendant une pĂ©riode donnĂ©e. Cette mesure, prĂ©sente dans la convention relative Ă  l’assurance chĂ´mage du 15 novembre 2024 conclue dans le mĂŞme contexte que l’accord national interprofessionnel relatif Ă  l’emploi des travailleurs expĂ©rimentĂ©s, avait Ă©tĂ© exclue de l’agrĂ©ment du 19 dĂ©cembre 2024 car elle Ă©tait dĂ©pourvue de base lĂ©gale. 

Dispositions relatives aux transitions professionnelles

Le 10 avril 2025, le Gouvernement a invitĂ© les partenaires sociaux Ă  poursuivre les nĂ©gociations qui avaient prĂ©cĂ©demment Ă©tĂ© engagĂ©es sur le fondement du document d’orientation du 22 novembre 2023 en matière de transitions professionnelles des actifs qu’elles soient internes ou externes Ă  l’entreprise, et de rĂ©former les dispositifs existants en la matière (contrats de professionnalisation, conseil en Ă©volution professionnelle, projet de transition professionnelle, validation des acquis de l’expĂ©rience…), afin de les rendre plus incitatifs et plus lisibles pour les actifs comme pour les employeurs.

L’article 10 prĂ©voit une habilitation du gouvernement Ă  lĂ©gifĂ©rer par ordonnance afin de faciliter le recours aux transitions professionnelles, Ă  laquelle le Gouvernement substituera par amendement lors de l’examen au Parlement les dispositions lĂ©gislatives transcrivant l’accord national interprofessionnel en cours de nĂ©gociation dès lors qu’il aura Ă©tĂ© conclu dans l’intervalle.

Voir aussi : « Transposition des ANI emploi des travailleurs expĂ©rimentĂ©s et Ă©volution du dialogue social | Dossier de presse | Mai 2025 Â«Â