Conditions de travail

CommuniquĂ© du TA Châlons en Champagne

Une sociĂ©tĂ© participant Ă  l’organisation des vendanges en Champagne avait bĂ©nĂ©ficiĂ©, sur le fondement du code du travail, d’une autorisation lui permettant de dĂ©passer la durĂ©e maximale hebdomadaire de travail de 48 heures. Cette autorisation Ă©tait fondĂ©e sur les contraintes liĂ©es :

  • Ă  la cueillette manuelle du raisin,
  • aux dĂ©lais impĂ©ratifs de rĂ©colte,
  • Ă  la mobilisation importante de main-d’œuvre
  • et aux limites des capacitĂ©s d’accueil de cette main d’œuvre,

ce qui permettait de caractériser les « circonstances exceptionnelles » qui justifiait cette autorisation.

La suspension du repos hebdomadaire

Les dispositions du code rural et de la pêche maritime permettent, sur simple déclaration des employeurs s’agissant des travaux agricoles, de suspendre pour une durée limitée le repos hebdomadaire des salariés « en cas de circonstances exceptionnelles, notamment de travaux dont l’exécution ne peut être différée ».

La société requérante avait procédé à cette déclaration en se référant aux « circonstances exceptionnelles » liées aux vendanges. Elle contestait des amendes administratives qui lui avaient été infligées pour non-respect de la durée minimale de repos hebdomadaire.

Les circonstances justifiant l’autorisation de déroger à la durée maximale hebdomadaire ne justifient pas la suspension du repos hebdomadaire

Le tribunal a relevĂ© que les dispositions du code rural et de la pĂŞche maritime, relatives Ă  la suspension du repos hebdomadaire, font obligation Ă  l’employeur de « faire connaĂ®tre les circonstances qui justifient la suspension du repos hebdomadaire, indiquer la date et la durĂ©e de cette suspension, les personnes qu’elle atteindra et la date Ă  laquelle ces personnes pourront bĂ©nĂ©ficier du repos compensateur ».

Il en a dĂ©duit que :

  • les circonstances exceptionnelles justifiant la dĂ©rogation Ă  la durĂ©e maximale hebdomadaire de travail devaient ĂŞtre apprĂ©ciĂ©es collectivement,
  • celles permettant la suspension du repos hebdomadaire devaient faire l’objet d’une analyse salariĂ© par salariĂ©.

Il n’a pas exclu par principe que la suspension du repos hebdomadaire pour certains salariés puisse se cumuler avec une dérogation à la durée maximale hebdomadaire de travail. Il a toutefois écarté l’argumentation de la société requérante qui se prévalait de la reconnaissance par l’administration de circonstances exceptionnelles dans le cadre de l’autorisation de déroger à la durée maximale hebdomadaire de travail pour soutenir que les mêmes circonstances exceptionnelles justifiaient la suspension du repos hebdomadaire.

Il a jugé qu’en l’espèce, en l’absence d’éléments justifiant de circonstances exceptionnelles permettant à la société requérante de déroger au repos hebdomadaire pour chacun des salariés concernés, les amendes administratives étaient fondées.

TA Châlons en Champagne, deux dĂ©cisions du 6 septembre 2023, n° 2202506 et 2100906 (dĂ©cisions Ă  tĂ©lĂ©charger ci-dessous)

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