La Commission de l’intelligence artificielle, installée en septembre 2023 par La Première Ministre E. Borne, a pour but pour de « contribuer à éclairer les décisions du Gouvernement et faire de la France un pays à la pointe de la révolution de l’intelligence artificielle. »
Elle a remis au président de la République, le 13 mars 2024, un rapport « IA, notre ambition pour la France » contenant 25 recommandations pour faire de la France un acteur majeur de la révolution technologique de l’intelligence artificielle (IA).
Certaines parties de ce rapport intéressent directement les employeurs.
L’IA au service du dialogue social
En matière de dialogue social, le rapport indique que son renouveau devrait constituer la pierre angulaire du recours à l’IA. « À l’échelle nationale comme à l’échelle de l’entreprise, il est nécessaire de construire les usages de l’IA selon une démarche partenariale. Dans le même temps, des investissements devront être consacrés à l’analyse des impacts de l’IA sur la quantité et la qualité de l’emploi. L’IA elle-même peut être mise au service du dialogue social, avec la création et le déploiement d’outils spécialisés. » (p.7).
Impact sur le travail
La commission relève que, dans les prochaines années, les systèmes d’IA conduiront à la transformation de nombreux emplois, avec une grande majorité des métiers qui évolueront. Elle recommande donc de se « préparer à ce que l’automatisation permise par l’IA supprime certains emplois et accélère l’obsolescence de certaines compétences. Au niveau sectoriel ou à titre individuel, cette évolution représentera un défi de formation et de reconversion. » Toutefois, pour la commission, les effets de l’IA « seront globalement favorables à l’emploi : l’IA pourra générer des emplois dans de nouveaux métiers, en partie inconnus à ce jour, ainsi que dans des métiers existants. » (p. 8).
A cet égard, la commission souligne que l’accompagnement des reconversions professionnelles et la formation continue seront déterminants.
Impact sur la QVT
La Commission explore l’impact dual de l’IA sur la qualité de vie au travail, soulignant à la fois ses avantages potentiels et ses risques (p. 48 et s.) :
- D’un côté, l’IA promet d’améliorer la productivité, d’enrichir le contenu du travail en éliminant les tâches routinières et en soutenant les travailleurs moins productifs, ce qui peut conduire à une augmentation de l’épanouissement et de la performance au travail.
- De l’autre, elle présente des défis tels que la surveillance accrue, la discrimination potentielle, et un accroissement du stress et de la complexité des tâches, risquant de mener à l’épuisement cognitif.
La Commission souligne que les transformations induites par l’IA nécessitent une réflexion sur la redistribution des gains qu’elle permet, envisageant des mesures telles qu’une réduction du temps de travail et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Le cadre juridique actuel, incluant le droit du travail et la protection des données personnelles, est jugé suffisant pour encadrer un déploiement éthique de l’IA. Cependant, pour anticiper les conséquences de l’IA et promouvoir un usage bénéfique, la Commission recommande d’investir dans la recherche sur ses impacts sur l’emploi et d’encourager un dialogue social actif autour de la co-construction des usages de l’IA, comme indiqué ci-dessus.