Conditions de travail

Les questions posées pour renvoi au Conseil Constitutionnel

A l’occasion du pourvoi formé contre un arrêt rendu le 18 novembre 2022 par la cour d’appel de Bourges, une salariée a demandé de renvoyer au Conseil constitutionnel les questions prioritaires de constitutionnalité ainsi rédigées :

« 1°/ Les articles L. 3141-3 et L. 3141-5, 5°, du code du travail portent-ils atteinte au droit à la santé et au repos garanti par le onzième alinéa du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 en ce qu’ils ont pour effet de priver, à défaut d’accomplissement d’un travail effectif, le salarié en congé pour une maladie d’origine non professionnelle de tout droit à l’acquisition de congés payés et le salarié en congé pour une maladie d’origine professionnelle de tout droit à l’acquisition de congés au-delà d’une période d’un an ?

2°/ L’article L. 3141-5, 5°, du code du travail porte-il atteinte au principe d’égalité garanti par l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et l’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958 en ce qu’il introduit, du point de vue de l’acquisition des droits à congés payés des salariés dont le contrat de travail est suspendu en raison de la maladie, une distinction selon l’origine professionnelle ou non professionnelle de la maladie, qui est sans rapport direct avec l’objet de la loi qui l’établit ? »

La réponse de la Cour de cassation

La Cour de cassation relève que les dispositions contestées sont applicables au litige, qui concerne les conditions d’acquisition de droits à congé payé d’une salariée pour les périodes pendant lesquelles, soit elle n’a pas exécuté de travail effectif en raison de son état de santé, soit son arrêt de travail n’a pas été assimilé à du travail effectif.

Ces dispositions n’ont pas déjà été déclarées conformes à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une décision du Conseil constitutionnel.

La première question présente un caractère sérieux en ce que, en cas d’absence du salarié de l’entreprise en raison d’un arrêt de travail pour cause de maladie, cause indépendante de sa volonté :

  • l’article L. 3141-3 du code du travail exclut tout droit à congé payé lorsque l’arrêt de travail a une origine non professionnelle,
  • et l’article L. 3141-5, 5°, du même code ne permet pas l’acquisition de droit à congé payé au-delà d’une période ininterrompue d’un an en cas d’arrêt de travail pour cause d’accident du travail ou de maladie professionnelle.

La seconde question posée présente également un caractère sérieux en ce que l’article L. 3141-5, 5°, du code du travail traite de façon différente au regard du droit à congé payé les salariés en situation d’arrêt de travail pour cause de maladie, selon l’origine, professionnelle ou non, de la situation de santé qui a justifié l’arrêt de travail.

En conséquence la Cour de cassation décide qu’il y a lieu de renvoyer ces questions au Conseil constitutionnel.

Cass. soc., QPC, 15 novembre 2023, n°23-14.806, FS-B