Conditions de travail

Le législateur offre la possibilité à l’employeur de remplacer tout ou partie de la majoration de salaire des heures supplémentaires par un repos équivalent dénommé repos compensateur de remplacement (RCR) (C. trav., art. L.3121-28).

En pratique, il est important de bien de maitriser la mise en place et le suivi de ce dispositif de remplacement car si ce dernier présente des avantages une mauvaise utilisation peut s’avérer source de contentieux.

Comment mettre en place le RCR ?

Les conditions de mise en place d’un tel dispositif dĂ©pendent de l’existence ou non d’un dĂ©lĂ©guĂ© syndical dans l’entreprise :

  • Pour les entreprises pourvues d’un dĂ©lĂ©guĂ© syndical : la mise en place du RCR nĂ©cessite « Une convention ou un accord collectif d’entreprise ou d’Ă©tablissement ou, Ă  dĂ©faut, une convention ou un accord de branche Â» (C. trav., art. L. 3121-33) ;
  • Pour les entreprises dĂ©pourvues de dĂ©lĂ©guĂ© syndical : ce dispositif peut ĂŞtre mis en place unilatĂ©ralement par l’employeur Ă  condition que le CSE, s’il existe, ne s’y oppose pas (C. trav., art. L. 3121-37).

đź’ˇ Comment apprĂ©cier la non-opposition des reprĂ©sentants du personnel ?

L’Administration est venue prĂ©ciser Â« qu’en cas de divergence de vue, on considère qu’il n’y a pas opposition dès lors que le projet prĂ©sentĂ© n’a pas Ă©tĂ© rejetĂ© par la majoritĂ© des voix des membres prĂ©sents. Â» (Circulaire DRT n°94-4 du 21 avril 1994)

Quel intĂ©rĂŞt de mettre en place le RCR ?

Ce dispositif permet à l’employeur une flexibilité dans le choix des modes de compensations des heures supplémentaires.

En effet, les dispositions de l’article L. 3121-33 du Code du travail, permettent le remplacement « en tout ou partie Â» de la majoration salariale des heures supplĂ©mentaires par un repos compensateur. En pratique, l’employeur peut ainsi dĂ©cider d’appliquer la majoration de salaire ou le repos compensateur ou encore de combiner les deux modes de compensation.

Au-delà, l’intérêt majeur de ce dispositif réside dans le fait que les heures supplémentaires intégralement compensées par du repos ne sont pas comptabilisées sur le contingent annuel d’heure supplémentaires.

⚠️ Attention !

L’Administration précise que seules les heures supplémentaires intégralement compensées par du repos ne s’imputent pas sur le contingent. Dans l’éventualité où une heure supplémentaire ne serait que partiellement compensée par du repos, elle doit s’imputer que le contingent.

Quelles sont les obligations inhĂ©rentes au RCR ?

L’employeur peut fixer les conditions et modalités de prise du repos compensateur de remplacement par accord d’entreprise (C. trav., art. L. 3121-33, III) ou unilatéralement après avis du CSE (C. trav., art. L. 3121-37, al. 2).

En pratique, il s’agit notamment de dĂ©terminer :

  • les heures concernĂ©es par la substitution d’un repos compensateur Ă  la majoration ;
  • le caractère obligatoire ou facultatif de la substitution ;
  • la forme du repos compensateur : rĂ©duction d’horaire, jours de congĂ©s supplĂ©mentaires ;
  • les modalitĂ©s de choix des dates auxquelles le repos compensateur sera attribuĂ©.

Le Code du travail prĂ©voit par ailleurs qu’à dĂ©faut de stipulation conventionnelle contraire, les salariĂ©s doivent ĂŞtre tenus informĂ©s du nombre d’heures de RCR et de contrepartie obligatoire en repos portĂ©es Ă  leur crĂ©dit par un document annexĂ© au bulletin de paie. Dès que ce nombre atteint 7 heures, le document comporte une mention notifiant l’ouverture du droit et l’obligation de le prendre dans un dĂ©lai de 2 mois après son ouverture. (C. trav., art. D. 3171-11).

Enfin, lorsque les salariĂ©s ne travaillent pas selon le mĂŞme horaire collectif, un document annexĂ© au bulletin de paie doit indiquer, outre le nombre d’heures de RCR portĂ©s Ă  leur crĂ©dit, le cumul des heures supplĂ©mentaires accomplies depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, le nombre d’heures de RCR acquis et le nombre d’heures de repos compensateur effectivement pris au cours du mois (C. trav., D. 3171-12)

Attention au manque d’information !

Le salariĂ© peut demander des dommages-intĂ©rĂŞts pour le prĂ©judice subi du fait d’un dĂ©faut d’information. La Cour de cassation vient de prĂ©ciser, dans un arrĂŞt du 4 septembre dernier, que cette action est soumise Ă  une prescription de 2 ans (Cass. soc., 4 sept. 2024, n° 22-20.976) qui dĂ©bute au jour oĂą le salariĂ© a eu connaissance de ses droits, et au plus tard Ă  la date de rupture du contrat de travail.

Afin de pouvoir dĂ©montrer que le salariĂ© a Ă©tĂ© rempli de ses droits, il est donc important que l’employeur assure une bonne information de celui-ci sur l’ouverture de son droit Ă  repos compensateur, ainsi que sur la prise du repos :

  • dans un document annexe au bulletin de paie,
  • ainsi que sur les plannings,
  • et sur les documents de dĂ©compte du temps de travail.

L’ensemble de ces documents permettra Ă©galement d’apporter – le cas Ă©chĂ©ant – la preuve auprès de l’URSSAF que l’employeur a bien respectĂ© les dispositions lĂ©gales, et ainsi lui Ă©vitera de se trouver exposĂ© Ă  l’infraction de travail dissimulĂ© (toute heure supplĂ©mentaire non payĂ©e ou compensĂ©e pouvant caractĂ©riser ce dĂ©lit).

Enfin, le lĂ©gislateur conditionne l’application des dĂ©ductions forfaitaires patronales au titre des heures supplĂ©mentaires au « respect par l’employeur des dispositions lĂ©gales et conventionnelles relatives Ă  la durĂ©e du travail […] Â» (CSS, art. L. 241-18 et L. 241-18-1). En consĂ©quence, le non-respect des dispositions lĂ©gales en matière de RCR par l’employeur peut Ă©galement ĂŞtre une source de redressement en cas de contrĂ´le URSSAF.

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