La loi du 25 avril 2020 a prévu le placement en chômage partiel des personnes vulnérables qui présentent un risque de développer une forme grave d’infection au virus covid-19 ainsi que des salariés qui partagent le même domicile que ces personnes. Les critères de vulnérabilité devaient être définis par décret.
Un premier décret du 5 mai 2020 a défini 11 situations dans lesquelles une telle vulnérabilité était reconnue.
Puis le décret du 29 août 2020 a :
- restreint à 4 situations l’éligibilité à ce dispositif de chômage partiel
- et prévu qu’il ne s’appliquera plus aux salariés partageant le même domicile qu’une personne vulnérable.
Toutefois, le 15 octobre, le juge des référés du Conseil d’Etat (CE, 15 octobre 2020, n°444425, 444916, 444919, 445029, 445030) a prononcé la suspension des articles du décret du 29 août 2020 relatifs aux critères de vulnérabilité (articles 2, 3 et 4). Dès lors, les critères retenus par le décret du 5 mai 2020 s’appliquaient à nouveau.
Au JO de ce 11 novembre est paru le dĂ©cret n° 2020-1365 du 10 novembre 2020 pris pour l’application de l’article 20 de la loi n° 2020-473 du 25 avril 2020 de finances rectificative pour 2020. Il fixe une nouvelle liste de 12 critères permettant de dĂ©finir les personnes vulnĂ©rables prĂ©sentant un risque de dĂ©velopper une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2, fondĂ©e sur les avis du Haut Conseil de la santĂ© publique des 6 et 29 octobre 2020.
CRITERES DE VULNERABILITE : medicaux + organisation du travail
Les salariĂ©s vulnĂ©rables placĂ©s en position d’activitĂ© partielle sont ceux rĂ©pondant aux deux critères cumulatifs suivants :
1° Etre dans l’une des situations suivantes :
a) Etre âgé de 65 ans et plus ;
b) Avoir des antĂ©cĂ©dents (ATCD) cardio-vasculaires : hypertension artĂ©rielle compliquĂ©e (avec complications cardiaques, rĂ©nales et vasculo-cĂ©rĂ©brales), ATCD d’accident vasculaire cĂ©rĂ©bral ou de coronaropathie, de chirurgie cardiaque, insuffisance cardiaque stade NYHA III ou IV ;
c) Avoir un diabète non équilibré ou présentant des complications ;
d) PrĂ©senter une pathologie chronique respiratoire susceptible de dĂ©compenser lors d’une infection virale : (broncho-pneumopathie obstructive, asthme sĂ©vère, fibrose pulmonaire, syndrome d’apnĂ©es du sommeil, mucoviscidose notamment) ;
e) Présenter une insuffisance rénale chronique dialysée ;
f) Etre atteint de cancer évolutif sous traitement (hors hormonothérapie) ;
g) Présenter une obésité (indice de masse corporelle (IMC) > 30 kgm2) ;
h) Etre atteint d’une immunodĂ©pression congĂ©nitale ou acquise :
- médicamenteuse : chimiothérapie anticancéreuse, traitement immunosuppresseur, biothérapie et/ou corticothérapie à dose immunosuppressive ;
- infection à VIH non contrôlée ou avec des CD4 < 200/mm3 ;
- consĂ©cutive Ă une greffe d’organe solide ou de cellules souches hĂ©matopoĂŻĂ©tiques ;
- liée à une hémopathie maligne en cours de traitement ;
i) Etre atteint de cirrhose au stade B du score de Child Pugh au moins ;
j) Présenter un syndrome drépanocytaire majeur ou ayant un antécédent de splénectomie ;
k) Etre au troisième trimestre de la grossesse ;
l) Etre atteint d’une maladie du motoneurone, d’une myasthĂ©nie grave, de sclĂ©rose en plaques, de la maladie de Parkinson, de paralysie cĂ©rĂ©brale, de quadriplĂ©gie ou hĂ©miplĂ©gie, d’une tumeur maligne primitive cĂ©rĂ©brale, d’une maladie cĂ©rĂ©belleuse progressive ou d’une maladie rare ;
2° Ne pouvoir ni recourir totalement au télétravail, ni bénéficier des mesures de protection renforcées suivantes :
a) L’isolement du poste de travail, notamment par la mise Ă disposition d’un bureau individuel ou, Ă dĂ©faut, son amĂ©nagement, pour limiter au maximum le risque d’exposition, en particulier par l’adaptation des horaires ou la mise en place de protections matĂ©rielles ;
b) Le respect, sur le lieu de travail et en tout lieu frĂ©quentĂ© par la personne Ă l’occasion de son activitĂ© professionnelle, de gestes barrières renforcĂ©s : hygiène des mains renforcĂ©e, port systĂ©matique d’un masque de type chirurgical lorsque la distanciation physique ne peut ĂŞtre respectĂ©e ou en milieu clos, avec changement de ce masque au moins toutes les quatre heures et avant ce dĂ©lai s’il est mouillĂ© ou humide ;
c) L’absence ou la limitation du partage du poste de travail ;
d) Le nettoyage et la désinfection du poste de travail et des surfaces touchées par la personne au moins en début et en fin de poste, en particulier lorsque ce poste est partagé ;
e) Une adaptation des horaires d’arrivĂ©e et de dĂ©part et des Ă©ventuels autres dĂ©placements professionnels, compte tenu des moyens de transport utilisĂ©s par la personne, afin d’y Ă©viter les heures d’affluence ;
f) La mise Ă disposition par l’employeur de masques de type chirurgical en nombre suffisant pour couvrir les trajets entre le domicile et le lieu de travail lorsque la personne recourt Ă des moyens de transport collectifs.
MODALITES DE PLACEMENT EN AP
Demande du salariĂ©. – Sous rĂ©serve que les conditions de travail de l’intĂ©ressĂ© ne rĂ©pondent pas aux mesures de protection renforcĂ©es dĂ©finies ci-dessus, le placement en position d’activitĂ© partielle est effectuĂ© Ă la demande du salariĂ© et sur prĂ©sentation Ă l’employeur d’un certificat Ă©tabli par un mĂ©decin.
ProcĂ©dure en cas de dĂ©saccord. – Lorsque le salariĂ© est en dĂ©saccord avec l’employeur sur l’apprĂ©ciation portĂ©e par celui-ci sur la mise en Ĺ“uvre des mesures de protection renforcĂ©es, il saisit le mĂ©decin du travail qui se prononce en recourant, le cas Ă©chĂ©ant, Ă l’Ă©quipe pluridisciplinaire de santĂ© au travail. Le salariĂ© est placĂ© en position d’activitĂ© partielle dans l’attente de l’avis du mĂ©decin du travail.
SALARIES PARTAGEANT LE DOMICILE D’UNE PERSONNE VULNERABLE : PAS DE CHANGEMENT
Les salariĂ©s partageant le mĂŞme domicile qu’une personne vulnĂ©rable pouvaient ĂŞtre placĂ©s en position d’activitĂ© partielle en application de l’article 20 de la loi du 25 avril 2020. Ce dispositif s’appliquait « jusqu’Ă une date fixĂ©e par dĂ©cret et au plus tard le 31 dĂ©cembre 2020 ».
L’article 1er du dĂ©cret n° 2020-1098 du 29 aoĂ»t 2020 a fixĂ© au 31 aoĂ»t 2020 le terme des placements en activitĂ© partielle pour les salariĂ©s partageant le domicile d’une personne vulnĂ©rable. Cet article n’est pas modifiĂ© par le dĂ©cret n° 2020-1365 du 10 novembre 2020.
Il n’y a donc pas de changement pour les personnes cohabitant avec une personne vulnérable, elles ne sont pas éligibles à l’activité partielle.