Le manquement à l’obligation légale de sécurité et de protection de la santé à laquelle l’employeur est tenu envers le travailleur a le caractère d’une faute inexcusable lorsque l’employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était soumis le travailleur et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver.
Pour dire que la connaissance par l’employeur d’un danger antĂ©rieurement Ă l’accident n’est pas Ă©tablie et rejeter la demande en reconnaissance de la faute inexcusable de celui-ci, l’arrĂŞt retient qu’au jour de l’accident, seules quatre agressions en vingt mois avaient Ă©tĂ© signalĂ©es sur la ligne. Il relève que si, Ă l’évidence, M. X… souhaitait changer de ligne, il ne justifie pas avoir signalĂ© Ă son employeur les injures, humiliations et menaces dont il faisait Ă©tat dans son courrier du 29 juillet 2008, faits distincts de l’agression qui s’est rĂ©alisĂ©e. Il ajoute qu’aucun Ă©lĂ©ment ne permet de dĂ©montrer qu’avant cette date, l’employeur connaissait ce danger particulier d’agression, et que, des attestations produites, il ressort que dès que la direction a Ă©tĂ© informĂ©e de son souhait de changer de ligne, elle a recherchĂ© Ă le remplacer, le 30 juillet, mais n’a trouvĂ© personne, les autres collègues refusant. Il prĂ©cise, enfin, que si le document unique d’évaluation des risques rĂ©pertorie bien le risque d’agression lors de la vente et du contrĂ´le des titres de transports et le risque de stress liĂ© Ă la prĂ©sence de public, aucune rĂ©union du CHSCT n’alerte sur ce danger particulier d’agression avant l’accident, que ce n’est que dans le procès-verbal de rĂ©union du CHSCT du 5 fĂ©vrier 2009 qu’il est mentionnĂ© un projet de vidĂ©o-surveillance et que ce système sera effectivement mis en place, dĂ©but 2013, pour l’ensemble des vĂ©hicules de transport de la sociĂ©tĂ©.
En statuant ainsi, alors qu’il résultait de ses constatations que l’employeur avait ou aurait du avoir conscience du risque d’agression physique auquel étaient exposés les conducteurs, la cour d’appel, qui n’a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations, a violé les textes susvisés.
[Cass. civ. 2e, 8 octobre 2020, n°18-25.021 FS-P+B+I]